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Dormir à Bamako en cette période de l'année est une réelle épreuve ! Je laisserai de côtés les nuisances sonores que provoquent de forts bruyantes et fréquentes noces. C'est le lot du moment amplifié cette fois-ci par la jonction de deux moments haut combien propices aux mariages au Mali : le début de  l'hivernage et la veille du Ramadan. On peut donc pardonner libériste des célébrations nuptiales. Nous n’allons pas non plus nous insurger contre le carnavalesque qui donne aux peuples l'occasion de renouveler leurs énergies par la dépense, l'excès et la démesure qui sont les signes du phénix renaissant de ses propres cendres en passant par la mort métaphorique. Le retour à la vie se fait plus prégnant, plus actif. La dépense appartient à l'économie du don et le don commence par le don de soi qui se fait dans la participation à la consummation festive. Cependant, tout cela aurait correspondu à la belle survivance d'un archaïsme positif si les voix et les instruments se donnaient à nus et non pas amplifiés par des hauts parleurs en mauvais état. Ce n'est donc pas la rumeur des fêtes qui est en cause mais le passage de la masse sonore par la technique électrique qui plus est mal maitrisée.

Cet effet technique se trouve aussi en cette période des grandes vacances dans l'expression sociale et urbaine de la réussite aux examens de fin d'année. Ces multiples arrosages aux recoins de la ville s'enchainent jusqu'à tard la nuit à la nuisance des noctambules noceurs pour exactement les mêmes raisons. A ceux là, s'ajoute aussi les sons des mauvais remix de ces multiples "balanis" poussés également jusqu'à loin par des amplificateurs électriques abondamment saturés de parasites. C’est donc pour toutes ces débauches de décibels laides, hégémoniques, violentes, et envahissantes que nous appelons à interdire pour le plus grand sommeil de tous…

Adapté d’une chronique d’Abdelwahab Meddeb intitulée la voix de l'ange. 

Par Modibo TEMBELY