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Des monuments, des logements sociaux, et les priorités d'illusion !

S'il existe au Mali un domaine qui résume en lui seul, l'échec patent des pouvoirs publics dans ces vingt dernières années, c'est bien l’Éducation. L'École malienne est à l'image du pays aujourd'hui. Elle est en pleine déliquescence totale.

 

Le Décor

Les gouvernements qui se sont succédé depuis 1991 n'ont pas été capables de préserver les acquis de l’Éducation de masse et de qualité initiée par le Père de notre indépendance, Le Président Modibo Keïta. Pire l'école malienne a régressé sur tous les plans. On ne dédouanera pas ici Moussa Traoré de sa part de responsabilité en cette perte de vitesse du système éducatif malien, car il a plongé lui aussi le pays dans une léthargie totale et ce durant vingt trois longues années. L’École reste, et restera donc un défi pour les futures pouvoirs publics. Enfin, si le changement s'opère. Car ce n'est pas gagner d'avance.

 

Les priorités d'illusion

 

Les mêmes responsables ayant échoué sur ce chapitre sont en plein recyclage pour revenir à la tête du pays. Dévolution de pouvoir oblige, il les faut trouver d'autres ruses pour se faire accepter. Et portant, ils ont eu l'occasion de nous montrer leur talent, toutes leurs compétences durant des années et des années. Mais, hélas ! Au lieu qu'ils s'attaquent aux vrais problèmes de l’Éducation, ils se sont donnés par manque de vision, et par le silence de cette paresseuse et complice société civile à des réalisations farfelues les unes que les autres. Et ce, ici et là. Des réalisations farfelues qui ont pour noms : des monuments, des minuscules logements dits logements sociaux. On n'oublie presque là, les choix des pouvoirs publics doivent être des choix de priorité avec le souci de profiter au maximum de citoyens. Sinon, Comment ils ont pu se tromper de choix à ce point en gâchant les ressources publiques de tel sorte ? Quel choix plus que l’École touche le maximum de maliens ? Surtout, qu'elle est malade, qu'elle est un facteur d'intégration et d'insertion professionnelle et sociale. Surtout, qu'elle concerne l'avenir de la jeunesse et du pays se faisant !

 

Là où il suffisait à peine 20 millions de francs pour offrir un second cycles à un village ou des villages, à 150 élèves, à presque autant de familles, et ben nos responsables ont préféré construire des moments à plusieurs centaines de millions. Là où il fallait avoir seulement moins de 50 millions de francs pour doter tout un cercle d'un lycée complet au profit de plusieurs centaines de lycéens et d'autant de familles, et ben ils ont voulu offrir des logements sociaux à coup des milliards. A quels gens déjà pour la plupart ? Combien d’Écoles, de lycées, d'amphithéâtres ces millions et milliards pouvaient construire au profit des jeunes du Mali ? De l'avenir du Mali. C'est ça, la soi-disante beauté de la capitale par des monuments valait mieux à leurs yeux que les multiples externalités positives de l’École à l'échelle du Pays ? L'utopique facilité d'accès au logement de ces quelques centaines de familles comptait à leurs yeux plus que la facilité d'accès aux infrastructures éducatives de ces plusieurs centaines de village, de multiples milliers de familles, et de ces innombrables milliers d'élèves et lycéens.

 

Comment nos dirigeants ont pu se tromper de priorités, et par là de choix stratégiques pour l'avenir du Pays ? Est-ce qu'il y a lieu de rappeler ici les vrais problèmes de l’École malienne. Puisque celles et ceux qui nous ont dirigé ces dernières ont semblé les ignorer, rappelons les ici avec plaisir.

 

La triste réalité

 

Les chiffres sur l’École malienne se passe de tout commentaire. Le taux de scolarisation reste toujours très faible. Et le Mali continue de figurer en bonne place parmi les pays mal classés en la matière dans le monde. A se référer même sur les chiffres officiels que tout le monde sait élogieux tellement en contraste avec ceux des ONG et donc des acteurs de terrains, seuls 61% (contre 100% en Tunisie par exemple !) des enfants qui ont l'âge d'aller à l’École empruntent effectivement les chemins des classes. Ce chiffre au niveau national cache bien de disparités régionales car ce taux atteint par exemple 90% à Bamako contre seulement 34% dans les zones de Tombouctou. Ce qui n'est pas d'ailleurs sans rappeler la très mauvaise gestion territoriale de nos pouvoirs publics de ces vingt dernières années. Et parmi ces chanceux, seuls 54% parviennent à franchir le premier cycle. Dans la population des enfants qui ne vont pas à l’École, 60% sont des filles. Tandis que seuls 1/3 des garçons qui ont l'âge d'aller à l'école n'y vont pas.

 

Dans les communautés rurales là où vivent justement 7 maliens sur 10, ces constats sont alarmants. Plus nombreuses sont les filles qui ne vont jamais à l’École dans ces zones. Bien que ces communautés se sont dotées des Écoles en les finançant elles-mêmes le plus souvent sans concours sinon insignifiants de l’État. D'ailleurs ces écoles communautaires assurent l’Éducation primaire à pas moins de 18% du total des enfants scolarisés au Mali. Une autre amère réalité est qu'il y a seulement 2 sièges sur 3 élèves dans les classes des Écoles maliennes. En plus, 10 élèves doivent se contenter d'un seul manuel et aucun autre matériel pédagogique. En moyenne, un seul enseignant doit prendre en charge 51, ou même 64 élèves dans les écoles publiques, si ce n'est pas plusieurs classes par intermittence comme c'est le cas à Nampala par exemple.

 

Voici là, quelques chiffres qui résument l'ensemble des problèmes de l'école malienne. Des problèmes qui pour faire court, sont : manque de classes, manque d'enseignants, et manque de moyens didactiques.

 

Manque de classes

 

Beaucoup de localités maliennes restent encore sans École. Si il existe dans ces localités une École, le nombre de classes est insuffisant pour une meilleure prise en charge des élèves et même étudiants. En plus, la population s'accroit de jour en jour. Ce qui crée davantage de besoins en matière d’Éducation et de constructions de nouvelles Écoles et classes. Enfin, ce n'est pas non plus compliquer de comprendre que plus la population croit, plus les besoins en salles de classes croissent. Or les chiffres cités plus haut montrent des efforts modestes de la part des pouvoirs publics dans la construction des nouvelles de nouvelles classes. Il faudra qu'on n'arrête de se mentir dans ce pays. On ne peux pas continuellement opposer l'insuffisance des ressources financières pour justifier le nombre insuffisant des classes et d’Écoles au Mali. Cet argument ne tient pas, et ne doit pas tenir car bien de pays à développement égal ont pu atteindre des résultats meilleurs. Alors, où est le problème ? Comme rappeler ci-dessus, à juste titre la mauvaise allocation des ressources publiques est problématique. Que dire aussi de nos milliards de francs, donc de nos deniers publics engloutis chaque année par la corruption et les multiples détournements en toute impunité ?

 

Déjà les communautés rurales consentent beaucoup d'effort pour se doter des Écoles financées le plus souvent entièrement par elles-mêmes sinon avec l'aide de la coopération internationale et des ONGs. Les subventions de l'État à l'endroit de ces Écoles communautaires sont piètres sinon inexistantes. Par ailleurs, l’État ne doit nullement se désengager de l’Éducation primaire au profit au nom d'une décentralisation irréfléchie par le biais de laquelle plusieurs communes notamment rurales se sont retrouvées sans potentiel économique et fiscal par conséquent dépourvues de toutes ressources propres conséquentes pour assurer un service public d’Éducation.

 

Manque d'enseignants

 

Le manque de personnels enseignements est un problème majeur dans le système éducatif au Mali. Ce problème persiste malheureusement dans tous les niveaux dans l’Éducation Nationale et même dans l'Enseignement supérieur. Ainsi, comme rappeler ci-dessus, un seul enseignement doit encadrer plus d'une cinquantaine d'élèves, sinon plusieurs classes surtout dans les milieux ruraux où le manque d'enseignants est beaucoup plus cuisant.

 

Les structures écolières existantes souffrent déjà de ce problème, que dire donc des nouveaux besoins de personnels enseignants engendrée par une éventuelle augmentation des capacités dans les Écoles. Beaucoup d’Écoles ont du se résoudre à recruter des maîtres sans formation adéquate.

 

Ainsi, se pose véritablement le problème de formation des personnels enseignants. Mais, aussi en conséquence le problème de niveau des élèves qui s'est d'ailleurs inscrit dans une tendance baissière assez inquiétante ces vingt dernières dernières années. Ce qui contraste en retour les objectifs quantitatifs d'augmentation du taux de scolarisation dont la dynamique exige d'ailleurs indéniablement à la fois la construction de nouvelles classes et Écoles, et le recrutement notoire de personnels enseignants et ce à tous les échelles de l’Éducation Nationale mais dans l'Enseignement supérieur.

Manque de moyens didactiques

 

Il est impossible de concevoir une Éducation de qualité sans moyens didactiques adéquats en nombre et en qualité. Les écoles maliennes souffrent depuis des décennies du manque de matériels pédagogiques nécessaires. Combien sont les élèves à ne jamais disposer de livres scolaires ? Les chiffres rappelés un peu plus haut l'ont bien montré à suffisance. En dehors des quatre murs d'une salle de classe, plusieurs milliers d'enfants n'ont accès à aucun moyen didactique adéquat pour consolider leurs connaissances acquises pendant les cours à l’École.

 

Certes nombreux sont ces problèmes qui minent l’Éducation au Mali. Mais beaucoup de ces problèmes peuvent être résolus avec des pouvoirs publics conscients et capables. Au-delà des objectifs quantitatifs à attendre impérativement dans les années à venir, les futures autorités (enfin si changement il y a) doivent placer la qualité au cœur de leur (nouvelle ?) stratégie d’Éducation.

 

Il en va de l'avenir du Mali, enfin si on veut bien admettre pour une fois que l'avenir d'un pays repose sur sa jeunesse qui doit être bien formée et ainsi outillée pour relever les défis futurs au-delà que l'école soit le premier facteur d'insertion sociale et professionnelle pour la jeunesse.

 

Modibo Tembely, pour la Rédaction de Malikahere.com



03/06/2013
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